Les régions ont souvent été désavantagées dans les virages que prennent les sociétés. Probablement parce que ces virages sont presque toujours pris dans les grandes agglomérations urbaines qui se trouvent ainsi à adopter les nouvelles perspectives avant les régions, ce qui désavantage ces dernières.
Qu’on parle du virage vers la mondialisation ou de celui vers l’automatisation, ils ont été initiés dans les grandes agglomérations urbaines. Même chose pour celui de l’économie numérique. Mais voilà qu’un nouveau virage est en train de se prendre et dans ce cas-là les régions ont un avantage. Elles pourraient agir avant les grandes agglomérations urbaines et ainsi en tirer profit, notamment pour freiner leur dévitalisation et régénérer leur tissu économique.
Ce virage c’est celui du développement durable, un virage qui implique nécessairement l’émergence d’une économie durable, beaucoup plus régionalisée. Et c’est cette dernière qui est en train d’émerger dans les régions d’Amérique du Nord avec, entre autres, le mouvement des localistes.
Il s’agit d’un mouvement d’activistes économiques qui proposent la revitalisation des communautés locales et la régénération du tissu économique local tout en intégrant les contraintes du développement durable dans la vie économique. Nommé BALLE, l’acronyme de « Business Alliance for Local Living Economy », ce mouvement se développe rapidement. On peut le décrire comme une réponse de l’entrepreneuriat local au défi de l’économie régionalisée et durable.
Ce mouvement, qui origine vraisemblablement des créatifs culturels est possible parce que :
La caractéristique différente du virage vers l’économie durable est sa nature décentralisée.
Le virage vers l’économie durable ne provient pas du système, il intervient contre le système.
Il n’émergera pas d’une nouvelle réglementation, il émergera d’un changement dans le mode de vie qui, lui-même, suivra un changement dans la perception de la réalité.
Il en résulte que c’est un virage qui pourrait bien se faire du bas vers le haut. C’est pour cette raison que les régions sont avantagées par rapport aux agglomérations urbaines. Parce qu’elles sont à grandeur d’homme et parce qu’on y retrouve un niveau d’échange réel entre les gens de développement communautaire et ceux de développement économique, ce qui est presque impossible dans les grandes agglomérations urbaines.
Les régions sont capables de se développer une vision, un projet de société qui leur permettra de réellement prendre le virage du développement durable, de l’intégrer dans le système. C’est ce que proposent les gens du mouvement BALLE. Ils se nomment des localistes parce qu’ils pensent à favoriser la région avant de penser à fonctionner dans le système global. Ce sont des gens qui croient au marché, mais qui croient aussi qu’il faut le compléter par l’implantation d’une conscience d’être spécifique à la communauté locale. Conscience qui permet aux citoyens de consolider leur mode de vie et leur niveau de vie à l’échelle locale.
Ce mouvement repose sur la capacité de faire apparaître une vision et un projet commun au sein d’une collectivité et de la vitaliser par le développement d’une stratégie de prise en main de leurs propres intérêts.
C’est ce côté prise en main de son propre futur qui me fait penser que ce sont les régions qui ont le plus de possibilités et surtout le plus d’intérêt à prendre le virage du développement et de l’économie durables puisque c’est de cette manière qu’elles pourront attirer une nouvelle génération de jeunes, sensibles à la nécessité d’agir et de prendre ce virage.
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