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Quand la société se prépare au développement durable

Cette semaine, j’étais conférencier au CEDDI-AL 2011, la Conférence sur l’Énergie et le Développement Durable dans l’industrie de l’Aluminium qui se tenait à Baie-Comeau. J’y allais anxieusement conscient que j’allais parler de discontinuité systémique à une industrie géante dont le rendement dépend d’une stabilité systémique. Conscient aussi que j’allais m’exprimer devant une industrie qui est habituée de fonctionner dans des contextes où l’organisation est presque toujours plus lourde que l’économie des régions avec lesquelles elle négocie un accès aux ressources physiques et humaines. Mais j’avais un avantage. Le sujet de ma conférence était une projection prospective de l’impact de l’internalisation des coûts environnementaux sur l’industrie de l’aluminium et les conclusions de mes analyses étaient que cette transformation économique majeure allait favoriser l’industrie. L’aluminium, un matériau potentiellement très vert En fait, dans une société écohérente et/ou fortement contrainte en terme d’énergie disponible, l’aluminium allait vraisemblablement devenir un actif environnemental majeur. Cela pour deux raisons : parce qu’il est recyclable avec seulement 5% de l’énergie nécessaire à sa constitution et parce que c’est un métal léger, résistant et qui ne rouille pas. On peut donc imaginer que si les ressources se raréfient, l’aluminium deviendra un matériau très recherché car plus vous en possèderez et en utiliserez et plus votre capacité de vous transformer sera réalisable à peu de coûts énergétiques. J’étais donc anxieux en quittant Montréal mais il s’est avéré que c’était sans raison. J’ai découvert une industrie qui sait qu’elle est avantagée par le développement durable et qui cherche activement à profiter de cet avantage. Par rapport aux autres matériaux, l’aluminium est avantagé et surtout, l’aluminium québécois est avantagé par rapport à celui fabriqué dans la majorité des autres pays puisqu’ils ont un profil énergétique beaucoup moins vert. Le défi résiduel : recycler l’aluminium Pour réaliser le principal avantage de l’aluminium, qui est sa recyclabilité, il faut gérer avec succès le défi de la gestion des alliages. En effet, un mélange de différents alliages lors du recyclage résulte dans une perte presque totale des qualités du matériau. C’est le prochain défi de l’industrie. Un défi de taille dans une société de flux où, entre la production du matériau et sa disposition après la fin de vie du produit, la propriété des composantes change de main plusieurs fois ce qui fait qu’a la fin plus personne ne connait la composition de l’alliage d’aluminium. Résoudre ce problème qui est un frein structurel au recyclage de l’aluminium implique nécessairement des transformations profondes dans les modèles d’affaires industriels. Voilà une histoire à suivre.

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