Avez-vous remarqué combien on entend parler d’innovation par les temps qui courent? Les cours d’innovation, les ateliers d’innovation, le coaching à l’innovation... l’innovation est devenue la panacée dans toutes les situations.
Pourquoi cette frénésie soudaine?
Sans doute pour nous spécialiser dans la création de nouveaux produits parce que, c’est déjà admis, les experts ont statué : nous ne pouvons compétitionner et grandir que si nous innovons davantage que les autres pays. Comme Apple semble vouloir le prouver, l’innovation apparaît comme le seul moyen de relancer l’économie.
Pendant mes conférences, j’interroge les participants sur la priorité entre relancer le système basé sur la croissance ou le repenser. Ils répondent à près de 90 % que la priorité, c’est de le repenser. Ils ne sont même pas indécis à ce sujet. De plus, lorsque je leur demande ce qu’ils voient pour la fin de la décennie, 90 % voient de la stagnation, de la consolidation ou de la décroissance et seulement 10 % de la croissance.
Si on prend en considération la croissance de la population planétaire, la raréfaction de beaucoup de ressources dont l’énergie fossile et l’augmentation inéluctable des évènements climatiques extrêmes qui auront commencé à affecter significativement la production alimentaire, on peut imaginer que la recherche de croissance comme but ultime aura été remplacé, dès la fin de la décennie, par la recherche de consolidation des acquis et par la revitalisation des économies territoriales qui ressortent fortement affaiblies de la mondialisation néolibérale.
Dans un tel contexte, je crois qu’on peut affirmer que l’innovation n’est pas la panacée. Qu’innover pour innover, pour relancer le commerce et la consommation n’est pas la chose à faire. En fait, c’est plutôt la chose à éviter.
Ce qu’il faut faire en toute priorité, c’est plutôt d’optimiser tout, la société, les industries les produits pour en augmenter la vie utile, pour les rendre évolutifs et surtout pour en augmenter l’efficacité énergétique.
Si on veut assurer le rétablissement de notre économie et de notre balance commerciale en toute cohérence avec l’avenir que l’on voit déjà, je prends position et j’affirme que :
Innover oui, mais innover surtout pour optimiser
Innover pour optimiser, consolider et pérenniser : • les infrastructures, • les équipements, • les services.
Innover pour récupérer, rapatrier et réinventer : • les capacités de faire, • les capacités de produire, • les capacités de fabriquer, • les capacités de construire.
Surtout, il faut innover pour préparer la société québécoise à fonctionner dans un mode de frugalité joyeuse, favorable à l’humanité autant qu’à la biosphère.
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